Wes Mackey. Blues.

Mardi 26/02 à 20h30

Paf 12€. Prévente 9€. Petite restauration à 19h.

Wes Mackey est né en Caroline du Sud le 12/12/1942, le dernier d’une famille de cinq enfants. Son père était pêcheur.  Il a fait toutes sortes de métiers avant de devenir musicien professionnel. Il a joué avec Muddy Waters, John Lee Hooker, Rufus Thomas, Martha Reeves, Jimmy Reed, Eddie Davis, Earl Lett, Dutchy Mason. Après une période sombre de sa vie, il reprit des études musicales (“ma guitare était plus âgée que les professeurs”, dit-il) et les routes du blues à travers le monde. Il joue de la guitare et s’accompagne souvent d’une basse aux pieds, ce qui donne un cachet particulier à ses concerts.

Wes Mackey (guitare, bass pedal et chant)

Kreso « Sonny boy » Oremus (harmonica)

Tom Diewock (drums)

http://www.wesmackey.com/

http://www.youtube.com/watch?v=kMOY3DufEQ8

https://www.facebook.com/wesmackey70?ref=ts&fref=ts

 

 

AU-DELA DES MOTS

Article écrit par GEORGES LEMAIRE dans SOULBAG N°192

(septembre 2008)

 

Je suis le cadet d’une famille de cinq enfants. Janie, Katie, Harry et Joseph sont mes frères et sœurs. Seule Janie est encore de ce monde. Je suis né le 12 décembre 1942, dans une petite maison sur la plantation Combahee, en Caroline du Sud, à proximité d’une petite ville appelée Yemassee. Il n’y avait qu’une banque, un grand magasin, un café et un juke-joint, une espèce de petit club où l’on jouait parfois de la musique, mais la plupart du temps, c’était un juke-box. En fin de semaine, tout le monde s’y rendait après le boulot. Des haut-parleurs étaient suspendus dans les arbres et nous, les enfants, nous dansions et nous nous amusions dehors.

Mes parents possédaient une ferme à quelques miles de là, dans une agglomération appelée Big Estate. Mon père en a hérité de son père qui était métayer. Nous avions quelques vaches, des cochons, des poules et une mule que nous appelions Julia. Nous faisions pousser du coton, du maïs et des légumes. Cette propriété m’appartient encore. J’y retourne de temps en temps pour rendre visite à mon cousin qui y habite actuellement, mais ce n’est plus une ferme. Lors de ces visites, j’en profite pour jouer dans les clubs ou dans les festivals, et les journaux de Charleston en parlent comme si je rentrais à la maison.

Mon père, Abraham Mackey, était gardien dans un club de pêche situé sur la Combahee River. Mary, ma mère, nettoyait le club et cuisinait pour les membres. Elle a été malade assez longtemps et est décédée quand j’avais 17 ans. Mon père était un excellent pêcheur et il m’a transmis sa passion et son savoir-faire. Il était aussi un prédicateur baptiste et il voyageait d’église en église. Mes parents chantaient à la maison, dans les champs et à l’église. La musique gospel faisait partie de notre vie et a donc eu une très grande influence sur moi. Trop occupés à travailler, nous avions peu de loisirs. Mais le week-end, on se rassemblait avec des parents et des voisins, on cuisinait et mangait en plein air. Nous avions un gramophone et nous écoutions principalement des disques de gospel, de blues et de country.

Pendant très longtemps, je n’ai pu me résoudre à parler d’une période très sombre de ma vie. Mais cet article me donne l’occasion de faire ce retour en arrière, car la boucle sera bientôt bouclée. Certains événements très sombres se sont déroulés pendant mon enfance et quand j’ai quitté la Caroline du Sud, j’ai emporté dans mes bagages un tas de mauvais souvenirs. Ils ont influencé ma vie entière et cela, je ne l’ai compris que très récemment. Dans mon enfance, ma mère a été très malade et mon père travaillait tout le temps. J’étais le dernier enfant qui restait à la maison et j’étais souvent livré à moi-même. Une nuit, je devais avoir cinq ans, je me suis éveillé en sursaut : mon matelas était en train de se consumer. Des flammes commençaient à se propager. J’ai vainement tenté de crier au feu mais c’était comme si les sons restaient collés au fond de ma gorge. J’ai dû aller secouer tout le monde et heureusement, personne n’a été sérieusement blessé. C’est à la suite de cet incendie que j’ai commencé à bégayer et, ne sachant plus m’exprimer correctement, je suis devenu un enfant très solitaire.

Quand j’étais gamin, je devais avoir 10 ou 11 ans, j’avais pris l’habitude de déambuler en faisant semblant de jouer de la guitare. Harry, mon frère aîné, avait essayé d’apprendre à jouer de cet instrument et, après avoir renoncé, il m’en a fait cadeau. C’était une Stella qui n’avait que trois cordes. Avec mon bégaiement, je n’avais jamais imaginé être capable de chanter. Mais en écoutant le Grand Ole Opry à la radio, je me suis aperçu que Mel Tillis, qui bégayait également, chantait tout à fait normalement. Je m’y suis essayé et j’ai découvert, plein d’espoir, que je ne bégayais pas non plus quand je chantais. Mes copains me surnommaient “Static”, car lorsque je parlais, cela ressemblait à de l’électricité statique, comme « Sststststs… sstop. » Ils me disaient : « Wes, si tu ne sais pas le dire, chante-le. »

Comme il était impossible pour les jeunes de trouver du travail dans les petites villes de Caroline du Sud, j’ai décidé, à 17 ans, de partir à Augusta, en Géorgie. A l’adolescence, j’ai commencé à prendre la musique très au sérieux. Après mon déménagement, j’ai assisté à un concert d’un guitariste appelé Billy Jackson. C’était un excellent musicien qui m’a beaucoup aidé et qui a eu une grande influence sur moi. C’est aussi à Augusta que j’ai rencontré des tas de musiciens plus âgés qui m’ont pris sous leur aile et qui m’ont initié. Ils jouaient dans des big bands et avaient pour la plupart l’habitude de se réunir dans un établissement appelé le Club Desoda. Ils riaient beaucoup et se racontaient des histoires qui leur étaient arrivées jadis, sur la route. Quelques verres plus tard, la jam session pouvait commencer. Je me souviens que ces vieux musiciens emportaient leurs instruments partout avec eux, où qu’ils allaient. Si l’occasion de jouer se présentait, ils étaient prêts.

J’ai débuté ma carrière professionnelle à l’âge de 17 ans. C’était dans un juke-joint. Je me souviens encore de mon premier cachet : 50 cents et un sandwich au poulet. Pendant de nombreuses années, j’ai été accompagnateur. C’est bien plus tard que j’ai commencé à chanter en leader.

Dans ma jeunesse, j’ai fait des tas de petits boulots. J’ai tout d’abord fait partie de la réserve à l’armée. J’ai ensuite été engagé dans une fabrique de biscuits (la Murray Biscuit Company d’Augusta). Après avoir quitté Augusta, je n’ai plus eu d’adresse fixe pendant plusieurs années. J’étais tout le temps sur la route et je travaillais sur le chitlin’ circuit avec tous les orchestres qui voulaient bien de moi. J’ai fini par aboutir à Boston où j’ai joué dans les clubs et les bars de strip-tease.

Au début des années 60, beaucoup d’artistes en tournée faisaient appel à un orchestre local pour les accompagner. J’ai eu plusieurs fois la chance de me trouver au bon endroit et au bon moment. A l’université d’Athens, Géorgie, les fraternities présentaient de nombreux spectacles. Au cours des années 60, il existait dans le Sud un circuit des fraternities parfois associé au chitlin’ circuit. Je travaillais alors dans un orchestre appelé The Rock and Roll Kings et nous jouions habituellement à l’université. C’est la raison pour laquelle nous étions souvent appelés pour accompagner les artistes de passage qui étaient noirs pour la plupart et qui jouaient pour un public de jeunes gens blancs.

J’ai accompagné tellement de groupes que je ne peux tous les citer. C’était il y a plus de quarante ans ! J’ai du mal à réaliser que c’est si vieux… Je ne veux certainement pas exagérer l’importance de mon association avec eux, mais je dois bien admettre qu’avoir joué avec John Lee Hooker et avec Muddy Waters m’a profondément marqué, inspiré et encouragé. J’ai joué à Augusta avec Muddy, au Paramount Country Club. En voyant la façon dont le public réagissait à sa musique, je me souviens avoir espéré qu’un jour, au cours de ma carrière, je pourrais être capable d’émouvoir les gens de la même manière que lui. Il y avait quelque chose de tellement intense dans sa façon d’unir sa voix à celle de sa guitare. C’était brut, âpre et simple à la fois. Ça me faisait penser au sermon d’un prédicateur : honnête, avec un sens très profond.

C’est aussi à l’université que j’ai joué avec John Lee Hooker. Je me souviens lui avoir demandé comment il composait des paroles aussi poignantes. Il s’est esclaffé et m’a dit : « Quand tu as faim et que tu dois manger, ça te fait penser à beaucoup de choses ! » Je trouve étrange qu’à présent, beaucoup de gens me disent que je leur fais penser à John Lee. Cela n’a jamais été mon intention. C’est tout naturellement que j’ai vieilli, que j’ai eu besoin de porter des lunettes et que je porte le costume et le chapeau du bluesman traditionnel. On m’a demandé récemment si cela m’intéressait de jouer son rôle dans une pièce de théâtre. Je ne sais pas si je vais accepter, car j’ai dû travailler dur pour me forger ma propre personnalité. Mais qui sait si, après avoir lu le script, je ne me déciderai pas.

Toute cette époque, assez curieusement, je la revois à travers un épais brouillard, mais certains instants marquants sont encore très présents dans ma mémoire. Comme la fois où nous avons accompagné Rufus Thomas dont le grand succès à l’époque était Walking the dog. Après le concert, nous étions assis, nous bavardions en buvant un verre. Nous étions très jeunes et adorions faire la fête. Nous lui avons demandé s’il ne pouvait pas donner quelques conseils à des artistes débutants. Il nous a répondu : « Vous êtes de jeunes musiciens bourrés de talent, mais vous pensez beaucoup trop à boire et à vous amuser. Vous devriez vous concentrer davantage sur votre musique. » A l’époque, je n’ai pas compris toute la portée de ce conseil..

Des groupes tels que The Platters et The Drifters avaient à l’époque un profil similaire et j’admirais vraiment leur façon très cool de s’habiller ainsi que leur grand professionnalisme. Mais nous n’avons pas réellement passé beaucoup de temps avec ces musiciens. Ils arrivaient dans la salle, présentaient leur show et repartaient aussitôt pour une autre salle. J’aurais bien aimé les fréquenter davantage, car ils attiraient l’attention d’un tas de filles..

Je me souviens aussi avoir accompagné Martha Reeves and The Vandellas. Elles étaient en retard et entrèrent donc en coup de vent, à la dernière minute. Leurs vêtements, leur façon de se mouvoir et leurs chorégraphies m’enchantaient. Elles étaient superbes ! Je ne pouvais en croire mes yeux. Quelle chance j’avais d’être là ! Je ne me souviens pas de tout leur spectacle, mais jamais je n’oublierai le début du concert et la façon dont elles ont interprété Heat wave. Comme tous les groupes de l’époque, elles ont présenté leur show et sont reparties immédiatement sur la route. Cette fois-là, j’étais vraiment déçu..

Je dois avouer que parmi tous les artistes que j’ai eu la chance d’accompagner, c’est Jimmy Reed qui m’a le plus marqué. J’ai d’ailleurs enregistré sur mes CD quelques-unes de ses compositions. Quand nous interprétions Baby, what you want me to do et You don’t have to go, quelque chose de particulier résonnait en moi. Cela me rappelait l’époque de ma guitare à trois cordes. Elle n’avait que le mi, le si et le ré. Ces rythmes étaient vraiment les seuls que l’on pouvait tirer d’une guitare à trois cordes. C’était cela, mais aussi son talent pour raconter des histoires qui m’ont le plus impressionné. C’était comme s’il avait réellement vécu ce qu’il chantait.

Mes premiers engagements au Canada ont eu lieu alors que je jouais avec The Earl Lett International Soul Set. J’ai tout de suite apprécié le Canada, parce que les musiciens de blues et de jazz y étaient particulièrement bien accueillis. J’ai joué un peu partout là- bas. J’ai même dû interpréter de la country, du jazz et du rock, ce qui, je crois, a aussi influencé mon style.

Avant d’accompagner Earl Lett, je me suis produit avec The Untouchables et Eddie “Funky Fingers” Davis, un virtuose du Hammond. A cette époque, je faisais la fête sans arrêt et j’ai commencé à boire. Je ne m’en souciais pas trop, mais la boisson m’a causé pas mal de problèmes. Avec Earl Lett, nous avons beaucoup voyagé. C’est avec lui que je suis allé à Paris pour la première fois.

C’est à Halifax, en Nouvelle-Ecosse, que j’ai rencontré ma future épouse et que je me suis rangé pour la première fois de ma vie. J’ai formé mon premier orchestre : Wes Mackey And The Brotherhood et j’ai travaillé avec de très grands artistes comme Dutch Mason. J’ai même eu droit à la télévision nationale dans l’émission Performance. Malheureusement, mon mariage n’a pas tenu le coup et après six ans, j’ai tout quitté. Et j’ai recommencé à boire de plus belle. J’avais le cœur brisé, je me sentais coupable envers mes enfants car je les adorais tous… Raison de plus pour me réfugier dans l’alcool. J’ai vagabondé un peu partout.

J’ai passé un certain temps à Calgary, Alberta (Canada). J’y ai joué toutes sortes de musiques, en solo, en duo, avec un orchestre, dans des bars de campagne, dans des salles de fêtes. Je fonctionnais « en mode survie » et m’inquiétais davantage de mon cachet que du côté artistique. J’ai fini par aboutir sur la côte ouest du Canada. Je ne possédais que ma Fender Jaguar et un vieux fourgon fatigué qui me servait d’abri. J’allumais une lampe à gaz pour me réchauffer. J’étais très, très fatigué et je buvais énormément.

 

Commença alors la période la plus sombre de mon existence, quand, pendant quelques années, j’ai abandonné la musique. Je suis arrivé au bout du monde, dans une petite ville du nord du Canada nommée Port Hardy. C’est la dernière ville de l’Ouest canadien, sur la côte de l’océan Pacifique. Les paneaux conduisant à cette ville indiquent « Mile 0 ». On pouvait y trouver des tas de boulots bien rémunérés : bûcheron, pêcheur ou mineur. J’y ai trouvé un emploi d’ouvrier pour la ville et parmi mes nombreuses attributions, je devais attraper les chiens errants pour les conduire à la fourrière. Ce travail n’a pas duré longtemps, car je connaissais tous les chiens de la ville et au lieu de les conduire à la fourrière, je les ramenais directement chez leur propriétaire. Mais j’y ai aussi appris le maniement de bulldozers et d’autres véhicules lourds. Je m’y suis fait des tas d’amis avec lesquels je travaillais dur et buvais sec. Le temps s’était arrêté.

J’ai fini par en avoir assez et je me suis installé à proximité, à Nanaimo, où j’ai décidé de revenir à la musique. J’ai donc suivi les cours de théorie musicale au Malaspina College. J’étais probablement le plus vieil étudiant de cette école. Ma Fender Jaguar était plus vieille que le professeur et que les autres étudiants. Quand j’ai quitté l’école, un grand article dans le journal titrait : « Le rêve de Wes Mackey devient réalité. » Cela m’a vraiment ému et de temps en temps, je retourne jouer là-bas. En fait, même si la plupart des salles dans lesquelles je me produis actuellement sont des endroits de grand standing, j’adore aussi les juke-joints un peu malpropres où la bière coule à flot et où les gens parlent fort.

Il a fallu bien des années avant que je m’installe sur la côte ouest, à Vancouver. Personne ne voulait m’engager, car j’étais un parfait inconnu. C’était comme si tout était à recommencer. Heureusement, j’ai rencontré Jack Lavin (fondateur du Powder Blues Band) qui m’a proposé mon premier concert à Vancouver. J’ai joué dans des salles locales et, pour continuer à travailler, j’ai dû interpréter ce que l’on attendait de moi. C’était souvent très embêtant, mais je devais survivre. Je me suis remis à boire… Même si j’avais perdu toute identité musicale, je continuais à travailler. J’ai ensuite décroché un engagement à Hong Kong pour l’inauguration de l’hôtel Shangri-La où je suis resté cinq mois. J’ai ensuite vécu en Malaisie. Les quelques années suivantes, j’ai fait le circuit des croisières et je pourrais difficilement me souvenir de tous les pays que j’ai visités. On pourrait croire que cette période de ma vie a été heureuse, mais c’est à ce moment que j’ai atteint le fond. Il ne faut surtout pas travailler dans le circuit des croisières si l’on veut échapper à la boisson..

 

Je ne désire pas m’étendre davantage sur ces moments difficiles. Mais croyez-moi, ça a été très dur. Quand finalement j’ai renoué avec mes enfants, ma vie en a été toute transformée. J’ai définitivement cessé de boire et même de fumer. J’en avais vraiment assez de jouer une musique qui ne représentait rien pour moi. J’ai donc décidé de retrouver mes racines et de me remettre au blues. C’est la raison pour laquelle mon album intitulé “Second Chance” a tellement d’importance pour moi. Je me sens vraiment en paix pour le moment.

Je me suis installé à Vancouver car c’est une ville magnifique, mais aussi parce qu’au fil des années je suis parvenu à introduire le blues dans beaucoup d’endroits où l’on ne s’attendrait pas au premier abord à trouver cette musique, comme, par exemple, dans des stations de vacances ou dans de grands hôtels.

Je n’ai jamais été aussi heureux que le jour où j’ai reçu un coup de fil de Gary Erwin (Shrimp City Slim) me demandant de participer au Lowcountry Blues Bash, à Charleston, en Caroline du Sud. Il avait vu mon nom sur Internet et il s’est souvenu m’avoir vu jouer à Kuala Lumpur ! Quand il a appris que j’étais originaire de la région de Charleston, il m’a invité tout naturellement à jouer à ce festival. Un vrai retour à la maison. Toute la presse écrite, la radio et la télévision étaient là. Et au-delà de tout, je revoyais ma famille pour la première fois depuis tant d’années..La musique, elle m’a sauvé ! Quand tout allait vraiment mal, elle m’a libéré de mes peines et m’a redonné espoir. Sur mon CD “Second Chance”, j’interprète une composition de Carl Weathersby intitulée Sweet sweet music qui traduit fort bien ce sentiment : « Sweet, sweet music sounds so good to me… it makes me smile through all my misery… I’m so glad I found music, I’m so glad I found something to love. » L’année dernière, j’ai eu l’occasion de rencontrer Carl à Paris et je lui ai dit tout ce que cette chanson représentait pour moi.

Il y a une dizaine d’années, j’ai commencé à me produire également en solo, mais je voulais obtenir un son plus ample. Je me suis alors souvenu d’une ancienne émission de TV où j’avais vu Jessie Fuller jouer de son footdella [invention de Fuller pour pouvoir jouer une ligne de basse avec les pieds]. Je me suis mis à la recherche d’une version moderne de cet instrument et j’ai trouvé un pédalier basse, un Roland PK5. Tout le monde m’a dit que c’était une folie d’apprendre à en jouer et que ça ne marcherait jamais. Mais j’étais bien déterminé. A présent, c’est devenu ma particularité, une sorte de signature..

J’ai enregistré trois albums, mais seulement les deux derniers ont été publiés. Dans l’ordre : “Blues Man” (1994), “Second Chance” (2005) et “Mr. Blues” (2006). Comme je l’ai déjà dit, j’ai été un accompagnateur pendant très longtemps et je commence seulement à enregistrer. En tant qu’artiste indépendant, ce n’est pas très facile de sortir un album et j’en apprends davantage à chaque fois.

Mon nouvel album sortira bientôt et sera intitulé “Beyond Words” (“Au-delà des mots”), parce qu’il me rappelle la façon dont j’ai utilisé la musique pour exprimer ce que j’étais incapable de dire correctement. La musique m’a vraiment libéré, dans de nombreux domaines. Ce CD sortira juste avant ma prochaine tournée européenne, en novembre 2008. Il comprendra pas mal de compositions personnelles. Je m’en réjouis, car j’ai à présent trouvé ma voie et je me sens beaucoup plus sûr de moi au niveau de l’écriture.

Ma nouvelle composition, Full moon in Lamanon, figurera aussi sur cet album. C’est une chanson qui raconte mes aventures à Lamanon, un petit village du sud de la France. Un endroit merveilleux et une histoire très drôle ! Ecoutez plutôt. L’année dernière, j’ai reçu un coup de fil au beau milieu de la nuit. Georges Lemaire me proposait de remplacer au pied levé Sam Taylor qui était tombé malade juste avant le festival de Lamanon [Festival des Alpilles, qui a lieu en juillet dans les Bouches-du-Rhône]. Tout s’est passé si vite… J’ai bien sûr accepté. Quelle expérience formidable ! A l’aéroport, Vincent Bertomeu, l’organisateur du festival, m’attendait. En route vers Lamanon, la voiture est tombée en panne et j’ai dû la pousser ! Mais tout le monde a été très sympathique et le maire de Lamanon lui-même m’a promis qu’il m’accueillerait avec une immense limousine lors de ma prochaine visite. On m’a suggéré d’écrire une chanson à propos de tout ce qui m’est arrivé dans le sud de la France. Et c’est ce que j’ai fait. Le résultat est Full moon in Lamanon :

I got a call in the middle of the night

They said Wes take the next flight

We need you to save the day

Grabbed my guitar I was on my way

When I arrived what did I see

A friendly town with olive trees

 

Vincent Bertomeu va éditer un CD avec ce titre inédit et des plages choisies parmi celles de mes CD antérieurs. Le maire de Lamanon m’a invité cette année au mois de juillet pour une cérémonie à l’occasion de la sortie de ce CD. Il m’a aussi demandé d’être le parrain du festival et j’en suis très honoré. La limousine, j’en suis certain, m’attendra à l’aéroport !

Parfois, les gens me reprochent d’être trop joyeux pour être un chanteur de blues. J’espère maintenant qu’ils me comprendront mieux. Tout va bien à présent… comme si la vie venait à peine de commencer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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